mardi 9 décembre 2008

Jeux de langue

Je rencontrais Jacques Marcotte cette semaine. Mon conseiller. Moi qui pensais avoir fini d'écrire... le doigt, jusqu'au coude... dans l'œil... C'est moi ça qui l'ai dans l'œil! Je reste polie quand même.

Il est très drôle Jacques. J'ai choisi de travailler avec lui parce que j'adore tous les films de Forcier où son nom est mentionné au scénario. Quand il raconte ses impressions sur mon texte, c'est toujours dans un désordre complet et d'une façon un peu décousue. Mais en remettant les commentaires dans l'ordre, il en ressort une impression assez précise de ce qui marche et ce qui ne va pas avec le scénario. Cette fois-ci, j'ai eu droit non pas à une démolition pure et simple, mais plutôt à un débâtissage méticuleux. Scène par scène. Je me retrouve donc, deux semaines avant Noël, dans un état de panique plus aigu que moins.

Mon personnage central et sa mission sont tout ce qui reste debout dans le grand séisme que je viens de vivre. Le reste, tout l'habillage - mes personnages secondaires, mes histoires parallèles, même l'univers dans lequel il évolue - a été détruit au passage de l'ouragan Marcotte. Mais ce n'est pas sa faute à lui. Le scénario, c'est le mien.

Ce n'est pas parce que je n'ai pas écrit de blog depuis le 4 septembre que je me suis pogné le cul ! Un de mes plus gros points à améliorer au scénario parmi ce que j'avais proposé au Fonds HG et à la SODEC, c'était d'étoffer d'avantage mon personnage féminin et de lui faire une plus grande place au sein du récit. Ce personnage, Amilia Martorell, est une jeune catalane qui emménage dans l'appartement voisin de celui d'Étienne au début du récit.

Hors, qu'est-ce que je fais depuis le début septembre ? Estudio la llengua catalana !

A què s'assembla el català al just ? És exactament això que em preguntava abans de seguir aquest curs!

Cousin du français et de l'espagnol, demi-frère éloigné du québécois, le catalan est certainement la langue la plus facile à apprendre pour nous, habitant du Québec. Non seulement leurs locutions nous semblent frauduleusement familières (Hi fa fred! Oui, c'est ce que vous croyez), ils ont des aspirations et des problèmes politiques similaires aux nôtres.

Surprenant à quel point une langue transporte sa culture! Je voulais donner une identité catalane au personnage d'Amilia, et voilà que je suis submergé par les possibilités de références culturelles, de jeux de mots, de traits de caractère types. Après quatre mois d'études intensives (6 heures de cours par semaine, plus les devoirs et les activités culturelles), je suis près à insuffler une nouvelle vie à mon personnage féminin principal ! Je compte bien poursuivre avec les niveaux intermédiaires et avancés qui se donnent à l'hiver à l'Université de Montréal. Quelle belle coïncidence, l'ouverture de ce module d'études catalanes. Que bé !

Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour faire un film ? Un petit voyage aux Îles Baléares ? En attendant d'en avoir les moyen, il y a le prochain dépôt vendredi, mais celui-ci m'enverrait plutôt dans le nord... À nous deux, Atelier Grand Nord !

jeudi 4 septembre 2008

Contraintes illimitées

Ce qu'il y a d'épeurant dans le fait d'écrire un scénario de fiction, c'est que les possibilités sont infinies. En fait, c'est peut-être pas tant que les possibilités sont infinies, mais qu'il faille en choisir une seule. Une seule possibilité parmi les innombrables, pour chaque seconde du scénario. Ça fait tout un tas de décisions, et encore plus de possibilités laissées de côté. Il y en a tellement que ça me donne le vertige.

Pour chaque choix qui demeure au scénario, je dirais qu'il y en a au moins 3 ou 4 autres, tout aussi valables, qui sont abandonnés. Je pourrais réécrire mon scénario une centaine de fois en prenant à chaque fois l'option « B » et je suis certain que chaque scénario serait authentique et différent de tous les autres.

Je fais parti de la génération qui a grandi avec les jeux vidéos et les livres dont vous êtes le héros. J'ai été éduqué au « choix ». On nous donne l'impression de choisir. On s'épate de constater à quel point les possibilités sont grandes quand on joue à Grand Theft Auto par exemple. Parce qu'ils ont recréé un environnement vaste et qu'on a la « liberté » de choisir (d'étrangler un passant ou de voler une voiture...)

Je parlais récemment avec un concepteur de jeu vidéo, un gars d'Ubisoft. Il me disait comment l'avenir de la scénarisation se trouve dans son domaine. Les scénaristes de jeux doivent prévoir toutes les possibilités liées à un lieu et offrir tout un tas de choix pour quitter ce lieux vers d'autres environnements. On scénarise les possibilités en essayant d'offrir le plus de choix aux gamers.

Je vais faire vieux jeu, mais j'ai l'impression que l'art d'écrire un scénario réside justement dans le choix de « LA » possibilité. « Celle » qu'il fallait choisir d'entre tous. C'est comme ça qu'on reconnaît un artiste. À ses choix narratifs. C'est ce qui donne une signature à un film.

Parlant de signature, petit court métrage qui démystifie l'univers Tarantino :




De toute façon, un scénario de film est nécessairement une trame narrative arrêtée. À tout le moins, pour le moment elle l'est. Peut-être qu'un jour le cinéma nous offrira à son tour une série de « choix ». Mais ceux-ci demeureront tous, de toute façon, des possibilités prévues et limitées par des contraintes de temps ou d'espace disque...

Pour une variété véritablement infinie et imprévisible de choix, on n'a pas à se casser le cailloux. Ça s'appelle la vie !

mercredi 20 août 2008

Premier anniversaire

Je ne l’ai pas à proprement dit « célébré », mais une première année de scénarisation vient de s’écouler. Je n’ai pas l’impression que ça fait très longtemps, mais en relisant récemment les entrées de mon journal, je constate que je ne me suis pas pogné le cul !

Je suis content de garder les traces de mon journal sur Internet cette fois. Pas pour l’exhibitionnisme qu’il me fait pratiquer (bonjour à mes deux lecteurs assidus, allo Maman !), mais bien parce que je ne peux pas l’égarer. Encore la semaine dernière, mon petit cahier « Immersion II » a bien failli prendre la clé des champs ! Heureusement, j’ai (finalement) retenu les leçons des trois autres… j’avais écrit mon nom dedans, et un serveur du Touski m’a rappelé avant même que j’aie constaté mon oublie.

J’en ai semé des petits cahiers dans ma vie. Le dernier contenait le journal de bord que nous écrivions méticuleusement Émilie et moi lors de notre séjour en Espagne. Il est demeuré sur un téléphone public d’une place de Tarragona.

Le cahier que je pleure le plus est celui qui contenait mon journal de production de La Planque. Je l’avais tenu tout au long de la pré-prod et du tournage , mais c’est en retournant sur le site clandestin pour tourner un insert que je l’ai laissé, le plus vraisemblablement sur le toit de l’usine abandonnée. J’y suis retourné par la suite, en vain.



Voici l’insert en question. Comme nous avions déjà suffisamment profité de la générosité de nos deux acteurs, c’est l’auteur de ces lignes qui se promène avec le sac du butin. J’en ai perdu mon petit cahier...

Je n’ai jamais su exactement où j’ai égaré celui qui renfermait le journal de mon séjour européen de 2000, bien que je l’aie probablement perdu au tout dernier matin. Ingo et moi avions brossé de façon magistrale dans les bars de Duisburg avant de nous assommer définitivement avec du scotch et de tomber autour de 7h du matin. C’est par miracle que j’ouvre les yeux à 8h50, dix minutes avant le départ de mon train vers l’aéroport. Le train a eu 10 minutes de retard (un train allemand !). En vingt minutes, j’étais assis dans un train, transpirant l’alcool, endurant difficilement chaque seconde éveillée. J’ai dormi tout le trajet, puis à l’aéroport et dans l’avion. Je n’ai jamais revu mon petit cahier.

Bref, comme mes états d’âme d’écrivain se retrouvent sur le ouèbe sur deux sites parallèles, je m’assure de ne pas revivre la frustration de perdre ma mémoire (que j’ai plutôt courte).

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Voilà bientôt un mois que je me suis mis à la réécriture d’Immersion. Je peux dire d’emblée que l’exercice est plus ardu que ce à quoi je m’attendais.

C’est un peu comme la rénovation. On travaille beaucoup plus fort à redresser un mur croche qu’à en construire un flambant neuf (je peux vous en dire quelque chose). Chaque fois que j’enlève une scène ou que je change des éléments dramatiques, c’est l’ensemble du récit qui s’en ressent.

J’ai encore des doutes en ce qui concerne la fin du film. En fait, pas tant la fin que le climax. Je ne veux pas utiliser la recette classique, j’essaie même de l’éviter, mais j’aimerais bien que mes ingrédients du début soient plus actifs dans l’explosion préfinale. Que l’ensemble du récit participe au climax pour que l’aboutissement soit ultime et complet !

Je cherche à me nourrir d’œuvres inspirantes. J’ai plongé férocement dans la lecture, dévorant trois livres en moins d’une semaine. Moi qui ai l’habitude de lire à la vitesse d’un enfant de 6e année, j’ai l’énergie du marathonien qui aperçoit la ligne d’arrivée.

Et j’ai vu Hearts of Darkness : A Filmmaker’s Apocalypse (1991). Apocalypse Now était déjà dans mon top 10, c’est maintenant le grand dieu devant lequel je me prosterne. Voir Coppola à l’œuvre. Voir les embûches, humaines autant que matériels, qui auraient pu faire effondrer le projet. Et entendre les états d’âme du grand cinéaste, ses incertitudes. Constater avec quelle facilité il exprime ses préoccupations, l’aise qu’il a à jongler avec les concepts qu’il veut exposer, tout ça n’a pu que me rendre humble tout en me donnant un idéal vers lequel me lancer.

Je reviens donc à une de mes motivations initiales : écrire le meilleur scénario de tous les temps. Me fixer un objectif moins ambitieux serait d’abdiquer avant même avoir essayé. Comment peut-on créer en espérant moins ? À ceux qui voudront me traiter de prétentieux, je répète que vous serez en droit de le faire si vous m’entendez dire que j’ai atteint mon objectif.

D’ici là, je vise !

lundi 19 mai 2008

Merci Harold

Le Fonds Harold-Greenberg m'a été favorable. Ça signifie que les entrées dans ce journal ne sont pas terminées. J'en ai au moins jusqu'en octobre à vous parler de mon scénario. Si je n'avais pas écrit depuis la mi-février, c'est que je n'ai pas fait progresser mon récit depuis. J'ai bien corrigé les dialogues pour les deux dépôts qui viennent d'avoir lieu, je n'ai pas passé plus d'une journée à écrire depuis que j'ai soumis mon texte aux lecteurs du Fonds cité en entrée de jeu.

Un petit manque d'inspiration ? Au début, je dois dire que oui. J'ai écrit pendant huit mois sans vraiment prendre de pause alors j'étais vraiment à sec, et j'avais décidé de laisser de côté mon petit cahier et mon laptop.

Ma vie a depuis pris un virage radical.



Jusqu'en février, je passais mes journées à me torturer l'esprit à la recherche d'idées, d'images ou de mots pour décrire les actions de personnages fictifs. Je me plais à imaginer les serveuses du Toi moi et café qui me servaient toute la journée alors que j'étais assis sur une banquette, les yeux dans le vide, à la poursuite d'une idée, visualisant une scène que je décide finalement de ne pas écrire… Je pouvais vraiment y passer des heures sans même écrire une seule ligne. Et comme je ne parlais à personne pour ne pas sortir de ma bulle, elles doivent encore se demander de quel délire je souffre.

De ce travail profondément cérébral, je suis passé subitement à la construction. Je ne vous apprends rien en disant que le mode de pensée est radicalement différent de celui de l'écriture. Le cerveau est stimulé par la perception de l'espace ou des dimensions, et les problèmes à résoudre sont plus que concrets (rien à voir avec la psychologie des personnages !). La dextérité manuelle prend le dessus sur le doigté dactylo, et le ruban à mesurer remplace le dictionnaire.

J'en ai encore pour plusieurs mois à apprendre les rudiments de mon nouveau statut de propriétaire. Déjà, trois crises potentielles ont été écartées : souris dans le sous-sol, fuite de gaz chez ma locataire et maintenant, fuite d'eau provenant du toit. Combinées à la reconfiguration complète de l'appartement du deuxième (future chez-moi), ça donne l'équivalent d'un emploi à temps plein. Je passe effectivement le plus clair de mon temps à travailler au duplex, puis à guérir mes membres meurtris par des activités qui me sont inhabituelles.



Après avoir souhaité me changer les idées de l'écriture, voici que je souhaite quotidiennement m'y remettre ! Je pourrai alors compter sur un nouveau conseiller : Jacques Marcotte, scénariste d'un de mes films favoris, tous origines confondus (Au claire de la lune).

Cette longue pause de l'écriture me rend impatient de reprendre le crayon. Je sens que les idées mûrissent. Mon cerveau devient comme une bouteille de champagne que l'on agite tout en gardant une main sur le bouchon. Attention, ça va sauter !

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Je participe très bientôt à un événement de peinture en direct.

VITRINE AVEC VUE

mercredi, le 28 mai, 18h à 22h

Galerie Point rouge
2471, rue Notre-Dame Ouest (face au Théâtre Corona)
(métro Lionel-Groulx)
514-586-0554

vendredi 15 février 2008

Apologie de la conclusion

Quatorze février, objectif atteint. J'ai déposé hier la version 11.4 de mon scénario.

Ça y est. Ce n'est plus un synopsis détaillé, ce n'est plus un scène à scène, c'est un SCÉNARIO ! 89 pages. La première version dialoguée de mon scénario, achevée dans la nuit entre le 11 et le 12 février. Toujours aussi dernière minute pour les dépôts importants, dans ce cas-ci, au très exclusif Fonds Harold-Greenberg. C'est la première fois que je suis éligible à cette bourse. Ça fait des années que je rêve d'y avoir accès, à cause des montants généreux qui y sont offerts. En espérant y faire bonne impression.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Monsieur Greenberg a débuté en affaire en développant la pellicule filmée par les visiteurs d'Expo 67. Il a, par la même occasion, acquis les droits à ces images, amassant rapidement une petite fortune. L'homme s'est par la suite mis à acheter des labos de développement pellicule… l'empire Astral voyait le jour. Ce cher homme est également producteur d'une des séries de films les plus rentables de l'histoire du cinéma canadien… Porky!!!

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La prochaine étape sera une révision complète du scénario et une réécriture en profondeur des dialogues. Peut-être même trouver un titre à mon film. Mais c'est impossible que je m'y mette dès maintenant. Ça fait plus de 8 mois que j'écris sans vraiment de pause, je suis beaucoup trop collé à mon texte pour voir clairement ce qui fonctionne et ce qui a besoin d'être amélioré. C'est pourquoi je vais le laisser de côté un petit moment. Je vais le reprendre quelque temps avant avril, histoire de le dépoussiérer avant un autre dépôt important… SODEC !

Quand je me suis mis à la peinture, c'était dans un moment comme celui-ci. J'avais de gros projets de film sur la table et j'avais une envie désespérée d'instantanéité. Un besoin de créer sans complication, et de voir le produit fini immédiatement. Sans demander d'argent à quiconque, sans l'approbation de personne et sans impératifs de commercialisation.

J'ai choisi de peindre à la canette parce que je pouvais remplir une toile de 4' par 5' en moins de 6 heures de travail, soit généralement une bonne soirée d'ouvrage. Avec un bon speed métal en trame de fond, un six pack, et un paquet de gauloises blondes qui y passe au complet, ça venait me gratter là où la création me démangeait. Assouvir le besoin primal de m'exprimer. Sortir la congestion créatrice comme une vomissure, crier l'affirmation artistique contre une toile. Bref, mettre au monde une oeuvre.



Je n'ai presque pas peint depuis l'été où j'ai peint celle-ci, soit 2005. J'ai bien essayé quelques toiles à l'été 2006 (au total 3), mais mon dernier croquis de l'été est resté inachevé sur un canevas blanc depuis (je ne peux pas peindre l'hiver à cause du froid, mon « atelier » n'étant pas chauffé. En fait, la fenêtre n'a que des volets au travers desquels le vent s'infiltre. Bref, y fa frette - en catalan…).



Je pensais depuis tout ce temps que je ne peignais plus à cause de la peur (intrinsèque à l'artiste) de ne pas réussir aussi bien que cette fameuse toile. Je l'ai remarqué souvent depuis que j'en suis conscient, et je le ressens aussi avec des projets de film. Ça peut causer le syndrome de la page blanche à l'écrivain aussi bien que la peur d'entamer une toile au peintre. C'est un fléau qu'on doit combattre à tous les instants.

Ma deuxième théorie pour mon manque d'accomplissement pictural était que je suis trop confortable. Je n'ai pas besoin de créer parce que ma vie n'en dépend pas. J'ai une blonde que j'aime, je gagne relativement bien ma vie et j'ai le même logement depuis maintenant 7 ans. Pourquoi passerais-je du temps devant un canevas blanc que je dois remplir ? (Ouais, là ça peut aller loin n'est-ce pas. Pourquoi je m'obstine à vouloir faire un film, pourquoi l'amour, pourquoi suis-je sur terre ? …)

En fait, je constate aujourd'hui que mon désir de peindre me vient d'un besoin de compenser la lenteur de l'évolution de mes projets cinématographiques. Les étés où j'ai été le plus productif ont été ceux où j'avais des films à finir. La planque m'a pris près de 5 ans à compléter. Je me suis d'ailleurs mis à peindre à l'été 2002, alors que La planque piétinait et semblait mener nulle part. Je me suis ensuite embarqué dans le projet Lemoyne, qui a pris 3 ans à concrétiser, soit jusqu'à l'été 2005.

L'été dernier, j'avais un film qui débutait (celui-ci, Immersion). Mon besoin de création était entièrement comblé par l'embryon que je voyais prendre vie sous la pointe de mon crayon (souvenez vous du « petit cahier »). À l'été 2006, j'ai pondu 2 « documentaires » d'une heure pour le compte de Pixcom (parlons de sentiment d'accomplissement !), pour m'envoler ensuite vers l'Espagne (oui, je m'envole parfois…).

Me voici donc ici, aujourd'hui (notions vagues dans un blogue). Immersion est en route depuis un petit moment. La première idée, l'étincelle qui a mis le feu à la première brindille (un gars qui tombe dans la lune au quart de tour), m'est venue à l'été 2005 et j'ai rédigé la première version du synopsis au cours d'une nuit d'insomnie au tout début de 2006. Le tournage est prévu pour mai 2009. Ça c'est si tout se passe bien.

Je pense que 2008 sera une bonne année pour la peinture.



… ma troisième théorie, c'est que c'est lié aux années bissextiles…

mardi 15 janvier 2008

Finir sur les coudes

La version finale de mon scène à scène devait être remise à Téléfilm Canada au plus tard le 4 janvier 2008. Je tenais à respecter mon entente avec eux, pour pouvoir toucher le dernier 20% de ma bourse le plus tôt possible. Comme un véritable étudiant, j’ai remis mon texte à 20h12, soit 18 minutes avant la fermeture du bureau de poste. J’avais bien prévu aller porter mon projet en personne, directement aux bureaux sur St-Jacques, mais les choses ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévues.

L’inspiration pour LA fin suprême m’est venue assez tardivement. Dans plusieurs entrées de mon journal, je parle d’une nouvelle fin fantastique. Je dis que je suis emballé par ce que j’écris, que ça y est, je la tiens enfin, mais la fin actuelle de mon histoire date seulement d’un peu avant Noël.

En sirotant les dernières goûtes d’une bouteille de porto, à la fin d’un souper qui s’est étiré jusqu’aux petites heures du matin, je me suis mis à raconter l’histoire de mon film à un bon ami, Alex. J’étais pris dans un cul-de-sac. Je sentais que je tournais en rond depuis un moment, et j’avais besoin de faire sortir le récit de mes méninges pour le voir prendre vie à l’extérieur de moi. Arrivé au moment clef, à l’endroit où l’histoire me torturait, seulement quelques mots de sa part ont suffi à rallumer la bougie chancelante de mon imagination. Rapidement, de nouvelles scènes extraordinaires, certes un peu glauque (mais combien inattendus !) se sont mises à se bousculer pour se mettre dans l’ordre. J’avais trouvé LA fin ultime ! Celle qui rendrait mon film mémorable ! Heureux de la trouvaille, et du coup de main d’Alex, mais épuisé par les dernières envolées (Alex dormait déjà sur place, enfoncé dans le divan en face de moi), j’ai rejoint mon lit, l’esprit apaisé.

Je n’ai retouché à mon récit que plusieurs jours plus tard, le 27 décembre pour être exact. Je me suis alors rendu compte que je n’aurais pas autant de facilité à faire emboîter ces nouvelles scènes dans le carcan déjà très serré du reste de mon histoire. Les fêtes se sont poursuivies, et c’est seulement en désaoulant dans l’après-midi du 1er janvier que j’ai réalisé l’ampleur de la tâche qu’il me restait à accomplir.

Du premier au 3, je me suis attelé à l’ouvrage, ne quittant mon texte que pour prendre des bouchers de sandwichs, pisser, et dormir un minimum. Le 3 au soir, je voyais la lumière au bout du tunnel. J’arrivais à compter la quantité de scènes qu’il me restait à coucher sur le papier, et je savais même ce que j’allais écrire dedans. J’ai rejoint mon lit vers 2h du matin, comblé par le sentiment du devoir accompli.

Levé tôt pour relire une dernière fois les 75 pages de texte, je suis figé devant la dernière page de mon texte, deux heures et demi plus tard. C’est la première fois que je lis l’histoire dans son ensemble, d’un seul coup. J’hésite, incertain. Mon histoire - certainement un peu étrange dans les premières pages, parfois comique, parfois pathétique - se termine sur une note glaciale, sur un sentiment de désespoir. Ma première réaction fut de paniquer. Il est 11h du matin, j’ai encore 5 heures pour recommencer et terminer sur une note plus joyeuse.

La course est relancée. J’écris sans relire, sans m’arrêter pour manger ni pisser. Rendu à 16h15, je me rends compte que je n’aurai pas le temps d’imprimer une version propre et d’aller la porter aux bureaux de Téléfilm pour 17h. Tant pis ! J’irai la porter au bureau de poste qui ferme à 19h près de chez-moi. Ce qui m’importe, c’est d’avoir le sceau de la poste.

Pendant que la version 10.1 de mon scène à scène est en impression, je révise rapidement les dernières pages. Il est 18h30 passé lorsque je constate que ma nouvelle fin est pourrie ! C’est la pire fin que j’ai écrite à ce jour !

Je relis rapidement les dernières pages de la version précédente pour me rendre compte que celle-ci est excellente. La première relecture m’a déplu à cause du grand changement de ton par rapport aux versions précédentes, mais je dois accepter que l’histoire ait pris une certaine vie par elle-même. Les éléments du récit sont tombés en place pour mener à une histoire troublante, mais combien vivante.

Grâce à internet, je trouve un bureau de poste un peu plus loin qui ferme à 20h30. J’ai juste le temps d’imprimer mes 75 pages et de réécrire le résumé de mon récit pour arriver à l’heure. Le reste, je l’ai raconté plus haut.

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Un nouvel objectif se dessine à l’horizon. Je présente le texte pour une nouvelle bourse, afin de poursuivre l’écriture de plus belle. Je vous en reparlerai certainement d’ici ce nouvel ultimatum, le 13 février.