mardi 9 mars 2010

TOTALITARISME ÉCONOMIQUE




Le communisme était terne, le nazisme était brun. Le totalitarisme économique est rose bonbon.

Dans bien des cercles, les sujets politiques sont tabous. Ils rebutent, suscitent le mépris ou l'indifférence. Pour s'y introduire, Alexandre Chartrand propose une peinture pop-expressionniste aux couleurs criantes et aux sujets alléchants. La séduction et le désir sont présentés sous des titres rebutants tels Dow Jones, Fuite des capitaux ou L'Hypnose des actionnaires. Jouant des mêmes pièges que la publicité, il attire notre regard pour nous laisser un sujet de réflexion.

Le totalitarisme économique
Quand chaque individu est suivi à la trace par sa façon de dépenser. Lorsque son dossier de crédit devient une ombre de laquelle il ne peut se détacher. Quand les études l’enchaînent à l'endettement. Lorsque le droit au profit supplante le droit à la dignité humaine. Quand les États sont forcés de sortir les grands financiers du pétrin qu'ils ont causé. Lorsqu'en retour, ceux-ci ne daignent pas lever un doigt pour sortir un État de la misère. Lorsqu'on ne peut exister sans compte de banque.

Il n'est pas brutal ni monolithique. Il est sournois et sexy. Il suscite notre désir et exclut ceux qui ne s'y soumettent pas. Il nous force au travail.

Alexandre Chartrand, peintre et cinéaste
Originaire d’Ottawa, Alexandre Chartrand vient à Montréal pour étudier les arts plastiques et le cinéma à l’Université de Montréal. Il présente une première exposition de photographie dans un espace de l'édifice Belgo en 1998 et une deuxième à la galerie Artus au printemps 2001. En parallèle, il se lance dans la réalisation d’un premier long métrage de fiction. Refusé par les institutions de financement, La Planque (K-Films Amérique) prend l’affiche au Québec à l’été 2004 et est projeté en ouverture du festival RebelFest de Toronto où il reçoit un prix de réalisation des mains d’Harvey Keitel.

Le premier film n’est pas encore complété lorsque Chartrand entame la production du long métrage documentaire Lemoyne (Vidéographe distribution). Cette biographie du peintre montréalais Serge Lemoyne est projetée en première lors de l’édition 2005 du Festival du film sur l’art de Montréal et programmée au Cinéma Beaubien et dans les grands musées d’art du Québec avant d’être acquise par la chaîne Bravo!

Chartrand vient de compléter l’écriture d’un deuxième long métrage fiction, cette fois avec l'aide des institutions. Totalitarisme économique est sa première exposition de peintures.

du 24 mars au 10 avril 2010
Vernissage le mercredi 24 mars à 17h

À la galerie Point rouge
2471 Notre-Dame Ouest
Montréal Qc H3J 1N6
www.galeriepointrouge.com
514-586-0554

http://alexchartrand.artists.de/


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TOTALITARISME ÉCONOMIQUE
Works of painter Alexandre Chartrand at Point Rouge Gallery

Communism was dull, Nazism was brown. Economic Totalitarianism is pink.

In many circles, political issues are taboo. They repel, arouse contempt or indifference. To tackle them, Alexandre Chartrand offers pop-expressionist paintings with glaring colours and tantalizing topics. Seduction and desire are presented under such repulsive titles as Dow Jones, Capital Leak or Hypnosis of the Shareholders. He draws our attention to deliver a thought.

Economic Totalitarianism
We track individuals by the way they spend. A credit record is tied to us like a shadow. Education bounds us to depts. Right to profit surpasses human dignity. States are forced to bail financial institutions out of the trouble they've caused, but in return these institutions won't lift a finger to help out a State. We can't exist without a bank account.

It's not brutal or monolithic. It's sly and sexy. It arouses our desire and excludes those who do not comply. It puts us to work.


Alexandre Chartrand, painter and filmmaker
Originally from Ottawa, Alexandre Chartrand came to Montreal to study art and film at Université de Montréal. He gets a first photography exhibit at the Belgo in 1998 and a second at Artus gallery in May 2001.

In parallel, Chartrand works at a first feature film. Denied by funding institutions, La Planque (K-Films Amérique) opens in Quebec theatres during the summer of 2004. It is later presented at the opening of Toronto’s RebelFest where it receives a directing award from the hands of Harvey Keitel.

The first film is not yet completed when Chartrand begins production of feature documentary Lemoyne (Videographe distribution). This biography of Montreal painter Serge Lemoyne premiers at Montreal’s Festival des films sur l’art and takes the screen at Cinéma Beaubien in Montreal and in all of Quebec’s major art galleries before being acquired by Bravo!

Chartrand has just completed writing a second fiction feature, this time with the help of Canadian institutions. Economic Totalitarianism is his first solo exhibit.


from 24 March to 10 April 2010
Opening wednesday March 24 at 5PM

Galerie Point rouge
2471 Notre-Dame Ouest
Montréal Qc H3J 1N6
www.galeriepointrouge.com
514-586-0554

http://alexchartrand.artists.de/

mercredi 10 juin 2009

Latente

Comme à chaque veille de réponse, je ne dors plus. Voici maintenant près de 2 mois que j'ai soumis mon scénario à la Sodec pour du financement à la production. Un mois à Téléfilm.

Heureusement, l'autre grande demande qui allait décider ce qui adviendrait de mon été est arrivée la semaine dernière. Ce n'est pas comme un oui à la production, mais c'est quand-même un oui. Et comme ce séjour d'immersion en Catalogne est motivé par l'exploration préalable à la réalisation de L'Immersion d'Étienne Dersonne, je me dis qu'il y a encore ça de gagner pour le film. Et ça apaise mon amour propre (que j'ai l'habitude de malmener).

En théorie, il ne reste que 48h avant la première réponse.
En attendant, je fredonne un air des Ramones...

mardi 10 février 2009

Totale fiction

C'est fini ! Mon scénario est fini !

Mais tout d'abord, je voulais souhaiter la bienvenue à la petite Mia. Elle ne pourra malheureusement pas lire cette salutation elle-même, étant donné qu'elle est née hier à sept heures moins dix. Félicitations à Sophie et Pascal, fiers parents !

Sophie, c'est ma petite sœur (dans le sens de celle qui est née après moi, en opposition à l'autre qui est née avant... non dans le sens qu'elle serait de petite taille... on s'entend). Enceinte depuis près de 9 mois et demi, il aura fallu la provoquer pour que la petite Mia (effectivement de petite taille) veuille bien quitter son nid douillet. On la comprend, la pauvre. Au moins là-dedans, on est certain qu'il fait toujours chaud !

Il aura également fallu qu'on me provoque pour que j'accouche. Ça prend parfois des claques pour qu'on augmente le régime de la machine. Faut croire que ma machine en avait besoin. Je me suis attelé au travail, et j'ai enfanté de la version finale d'Immersion. Ça y est, c'est fini ! Comme je l'ai souvent prédit dans les entrées de ce journal, il s'agit probablement du meilleur scénario... que j'aie écrit jusqu'ici! À peine noircissait-il le papier en sortant de l'imprimante que je l'ai reconnu ! Mon tout petit. Immersion n'est finalement pas le nom qui lui convient. Je l'ai remarqué toute suite, ça ne lui allait pas du tout...

Totale fiction a fini de naître aujourd'hui, le 10 février. Léger, faisant tout juste 93 pages, il est néanmoins robuste et énergique, rempli de péripéties, de mises en scènes audacieuses et de fabulations.

On demande souvent aux artistes comment ils font pour reconnaître l'œuvre, pour savoir qu'elle est finie. Dans le cas de Totale fiction, j'ai souvent annoncé que j'avais terminé une version, ou que j'avais atteint une nouvelle étape, mais jamais encore je n'avais ressenti que j'avais fini. On le sait à cause de ce petit quelque chose de plus, cette approbation inconsciente, ce sentiment de plénitude à la lecture du résultat. Le sentiment d'être arrivé à destination.

Et ma destination, cette fois-ci, c'était la 13.13. Chaque version précédente m'approchait du but sans jamais m'y faire toucher. Comme la courbe d'une équation exponentielle. À chaque nouvelle version, je m'efforçais de me convaincre que c'était la bonne, sans jamais sentir le travail accompli. J'aurais voulu que ce soit plus facile, et que je puisse atteindre la version finale plus rapidement. Mais la tâche à accomplir était audacieuse. Le récit est complexe, truffé d'absurdités et parcouru par des couches narratives qui s'enchevêtrent jusqu'à n'en former qu'une.

J'ai donc avancé pas à pas, version par version, en laissant le temps à l'histoire de se matérialiser avec la bonne courbure, en me servant des éléments solides de la version précédente pour y déposer les nouvelles scènes. Je sais, je me plaignais encore la semaine dernière d'avoir été refusé en production, et maintenant me voici, avouant mes propres torts. J'avoue ne pas en avoir été pleinement satisfait, de ce scénario... Pour me défendre, je dirai seulement que j'avais aussi la force d'inertie contre moi. Celle qui fait qu'à un moment donné, on ne veut plus rien changer. Qu'on se satisfait de l'imparfait...

En tous cas, maintenant mon scénario est complet. J'oserais même dire accompli. Je ne présente pas le scénario au financement avant le mois de mars ou même avril (je sais plus), alors j'aurai le temps d'en corriger les quelques impurtés qui pourraient encore s'y trouver. Reformuler certaines phrases, enlever parfois une virgule, peut-être même corriger des fautes d'orthographe (non, vraiment ?).

Reste à vous dire au revoir. En principe, mon travail de scénariste est terminé. Avec un peu de chance (et la SODEC de mon bord...), ce blog d'écriture se transformera peut-être prochainement en journal de pré-production.

mardi 20 janvier 2009

Un grand naïf

Eh oui ! Je suis toujours là ! J'écris chaque jour depuis le 5 janvier.

Je le crois encore, il faut plus de naïveté que quoi que ce soit d'autre pour faire un film. À force de se leurrer à petite dose, on finit par avancer pas à pas dans la bonne direction. Parce qu'après trois ans de travail, un refus de passer en production pourrait être fatal. On nous dit que ça n'a rien de personnel, que ça n'a rien à voir avec le talent, etc. Je crois justement que c'est très personnel. Aucun créateur ne reçoit un refus avec le sourire. Lorsqu'on passe trois ans à faire progresser une idée, c'est parce qu'on y croit. On y investit le meilleur de soi. On EST le projet. Et c'est là que la naïveté est primordiale.

Si on ne se fait pas un peu d' « à croire », il n'y a aucune façon d'encaisser le coup et de continuer à travailler comme au premier jour. Il FAUT se leurrer en se disant qu'ils n'ont pas compris l'essence du projet. Voilà le cliché pur de l'artiste, et il doit faire son œuvre pour qu'on ait envie de continuer pour leur montrer qu'ils se sont trompés.

On dit souvent que c'est ce qui distingue les sportifs des artistes. Parce qu'en sport, on ne peut pas se faire à croire, puisqu'il y a nécessairement un gagnant et un perdant. Pourtant, je crois que nous vivons le même combat, artistes et sportifs. Un combat solitaire. C'est le combat de la naïveté que certains appellent la confiance en soi. Pour arriver à se dépasser à un tel point qu'on finit par gagner, il faut que dans sa tête on y ait d'abord cru. Et le sport regorge d'histoires de gens qui se sont distingués malgré les obstacles, malgré que les autres ne les voyaient pas comme des gagnants au départ. Que ce soit Maurice Richard ou Wayne Gretzky (en bon québécois, quand je dis sport, je dis en fait hockey...). Voici deux grands naïfs qui ont eu la tête tellement dure qu'ils ont réussi à atteindre leur objectif. Par leur puissance mentale (le mental !). C'est peut-être d'ailleurs à cause de leur grande naïveté qu'ils sont devenus des gens d'exception. En plus d'avoir développé un talent physique, ils ont développé une force de caractère exceptionnelle. Indestructible !



En revanche, si en recevant un refus, je m'assoyais sur mon scénario en me disant que mon projet est déjà parfait, et qu'ils auront juste à mieux le lire la prochaine fois, je serais dans le champs pas à peu près ! Accepter la critique est d'ailleurs la deuxième force qu'on demande d'un wannabe cinéaste.

Je me leurre donc un peu en ce début janvier, après avoir reçu les critiques du comité de lecture. En toute naïveté, je me dis que le temps est mon meilleur allié. Parce que c'est vrai, il me faut du temps pour murir mes idées. J'ai maintenant le loisir de recommencer mon travail pour rendre mon scénario encore meilleur ! Mon plan de réécriture contient probablement les meilleures idées que j'ai eu depuis plus de six mois !

Vous ai-je déjà dit que je prépare le meilleur scénario de tous les temps ?

mardi 9 décembre 2008

Jeux de langue

Je rencontrais Jacques Marcotte cette semaine. Mon conseiller. Moi qui pensais avoir fini d'écrire... le doigt, jusqu'au coude... dans l'œil... C'est moi ça qui l'ai dans l'œil! Je reste polie quand même.

Il est très drôle Jacques. J'ai choisi de travailler avec lui parce que j'adore tous les films de Forcier où son nom est mentionné au scénario. Quand il raconte ses impressions sur mon texte, c'est toujours dans un désordre complet et d'une façon un peu décousue. Mais en remettant les commentaires dans l'ordre, il en ressort une impression assez précise de ce qui marche et ce qui ne va pas avec le scénario. Cette fois-ci, j'ai eu droit non pas à une démolition pure et simple, mais plutôt à un débâtissage méticuleux. Scène par scène. Je me retrouve donc, deux semaines avant Noël, dans un état de panique plus aigu que moins.

Mon personnage central et sa mission sont tout ce qui reste debout dans le grand séisme que je viens de vivre. Le reste, tout l'habillage - mes personnages secondaires, mes histoires parallèles, même l'univers dans lequel il évolue - a été détruit au passage de l'ouragan Marcotte. Mais ce n'est pas sa faute à lui. Le scénario, c'est le mien.

Ce n'est pas parce que je n'ai pas écrit de blog depuis le 4 septembre que je me suis pogné le cul ! Un de mes plus gros points à améliorer au scénario parmi ce que j'avais proposé au Fonds HG et à la SODEC, c'était d'étoffer d'avantage mon personnage féminin et de lui faire une plus grande place au sein du récit. Ce personnage, Amilia Martorell, est une jeune catalane qui emménage dans l'appartement voisin de celui d'Étienne au début du récit.

Hors, qu'est-ce que je fais depuis le début septembre ? Estudio la llengua catalana !

A què s'assembla el català al just ? És exactament això que em preguntava abans de seguir aquest curs!

Cousin du français et de l'espagnol, demi-frère éloigné du québécois, le catalan est certainement la langue la plus facile à apprendre pour nous, habitant du Québec. Non seulement leurs locutions nous semblent frauduleusement familières (Hi fa fred! Oui, c'est ce que vous croyez), ils ont des aspirations et des problèmes politiques similaires aux nôtres.

Surprenant à quel point une langue transporte sa culture! Je voulais donner une identité catalane au personnage d'Amilia, et voilà que je suis submergé par les possibilités de références culturelles, de jeux de mots, de traits de caractère types. Après quatre mois d'études intensives (6 heures de cours par semaine, plus les devoirs et les activités culturelles), je suis près à insuffler une nouvelle vie à mon personnage féminin principal ! Je compte bien poursuivre avec les niveaux intermédiaires et avancés qui se donnent à l'hiver à l'Université de Montréal. Quelle belle coïncidence, l'ouverture de ce module d'études catalanes. Que bé !

Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour faire un film ? Un petit voyage aux Îles Baléares ? En attendant d'en avoir les moyen, il y a le prochain dépôt vendredi, mais celui-ci m'enverrait plutôt dans le nord... À nous deux, Atelier Grand Nord !

jeudi 4 septembre 2008

Contraintes illimitées

Ce qu'il y a d'épeurant dans le fait d'écrire un scénario de fiction, c'est que les possibilités sont infinies. En fait, c'est peut-être pas tant que les possibilités sont infinies, mais qu'il faille en choisir une seule. Une seule possibilité parmi les innombrables, pour chaque seconde du scénario. Ça fait tout un tas de décisions, et encore plus de possibilités laissées de côté. Il y en a tellement que ça me donne le vertige.

Pour chaque choix qui demeure au scénario, je dirais qu'il y en a au moins 3 ou 4 autres, tout aussi valables, qui sont abandonnés. Je pourrais réécrire mon scénario une centaine de fois en prenant à chaque fois l'option « B » et je suis certain que chaque scénario serait authentique et différent de tous les autres.

Je fais parti de la génération qui a grandi avec les jeux vidéos et les livres dont vous êtes le héros. J'ai été éduqué au « choix ». On nous donne l'impression de choisir. On s'épate de constater à quel point les possibilités sont grandes quand on joue à Grand Theft Auto par exemple. Parce qu'ils ont recréé un environnement vaste et qu'on a la « liberté » de choisir (d'étrangler un passant ou de voler une voiture...)

Je parlais récemment avec un concepteur de jeu vidéo, un gars d'Ubisoft. Il me disait comment l'avenir de la scénarisation se trouve dans son domaine. Les scénaristes de jeux doivent prévoir toutes les possibilités liées à un lieu et offrir tout un tas de choix pour quitter ce lieux vers d'autres environnements. On scénarise les possibilités en essayant d'offrir le plus de choix aux gamers.

Je vais faire vieux jeu, mais j'ai l'impression que l'art d'écrire un scénario réside justement dans le choix de « LA » possibilité. « Celle » qu'il fallait choisir d'entre tous. C'est comme ça qu'on reconnaît un artiste. À ses choix narratifs. C'est ce qui donne une signature à un film.

Parlant de signature, petit court métrage qui démystifie l'univers Tarantino :




De toute façon, un scénario de film est nécessairement une trame narrative arrêtée. À tout le moins, pour le moment elle l'est. Peut-être qu'un jour le cinéma nous offrira à son tour une série de « choix ». Mais ceux-ci demeureront tous, de toute façon, des possibilités prévues et limitées par des contraintes de temps ou d'espace disque...

Pour une variété véritablement infinie et imprévisible de choix, on n'a pas à se casser le cailloux. Ça s'appelle la vie !

mercredi 20 août 2008

Premier anniversaire

Je ne l’ai pas à proprement dit « célébré », mais une première année de scénarisation vient de s’écouler. Je n’ai pas l’impression que ça fait très longtemps, mais en relisant récemment les entrées de mon journal, je constate que je ne me suis pas pogné le cul !

Je suis content de garder les traces de mon journal sur Internet cette fois. Pas pour l’exhibitionnisme qu’il me fait pratiquer (bonjour à mes deux lecteurs assidus, allo Maman !), mais bien parce que je ne peux pas l’égarer. Encore la semaine dernière, mon petit cahier « Immersion II » a bien failli prendre la clé des champs ! Heureusement, j’ai (finalement) retenu les leçons des trois autres… j’avais écrit mon nom dedans, et un serveur du Touski m’a rappelé avant même que j’aie constaté mon oublie.

J’en ai semé des petits cahiers dans ma vie. Le dernier contenait le journal de bord que nous écrivions méticuleusement Émilie et moi lors de notre séjour en Espagne. Il est demeuré sur un téléphone public d’une place de Tarragona.

Le cahier que je pleure le plus est celui qui contenait mon journal de production de La Planque. Je l’avais tenu tout au long de la pré-prod et du tournage , mais c’est en retournant sur le site clandestin pour tourner un insert que je l’ai laissé, le plus vraisemblablement sur le toit de l’usine abandonnée. J’y suis retourné par la suite, en vain.



Voici l’insert en question. Comme nous avions déjà suffisamment profité de la générosité de nos deux acteurs, c’est l’auteur de ces lignes qui se promène avec le sac du butin. J’en ai perdu mon petit cahier...

Je n’ai jamais su exactement où j’ai égaré celui qui renfermait le journal de mon séjour européen de 2000, bien que je l’aie probablement perdu au tout dernier matin. Ingo et moi avions brossé de façon magistrale dans les bars de Duisburg avant de nous assommer définitivement avec du scotch et de tomber autour de 7h du matin. C’est par miracle que j’ouvre les yeux à 8h50, dix minutes avant le départ de mon train vers l’aéroport. Le train a eu 10 minutes de retard (un train allemand !). En vingt minutes, j’étais assis dans un train, transpirant l’alcool, endurant difficilement chaque seconde éveillée. J’ai dormi tout le trajet, puis à l’aéroport et dans l’avion. Je n’ai jamais revu mon petit cahier.

Bref, comme mes états d’âme d’écrivain se retrouvent sur le ouèbe sur deux sites parallèles, je m’assure de ne pas revivre la frustration de perdre ma mémoire (que j’ai plutôt courte).

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Voilà bientôt un mois que je me suis mis à la réécriture d’Immersion. Je peux dire d’emblée que l’exercice est plus ardu que ce à quoi je m’attendais.

C’est un peu comme la rénovation. On travaille beaucoup plus fort à redresser un mur croche qu’à en construire un flambant neuf (je peux vous en dire quelque chose). Chaque fois que j’enlève une scène ou que je change des éléments dramatiques, c’est l’ensemble du récit qui s’en ressent.

J’ai encore des doutes en ce qui concerne la fin du film. En fait, pas tant la fin que le climax. Je ne veux pas utiliser la recette classique, j’essaie même de l’éviter, mais j’aimerais bien que mes ingrédients du début soient plus actifs dans l’explosion préfinale. Que l’ensemble du récit participe au climax pour que l’aboutissement soit ultime et complet !

Je cherche à me nourrir d’œuvres inspirantes. J’ai plongé férocement dans la lecture, dévorant trois livres en moins d’une semaine. Moi qui ai l’habitude de lire à la vitesse d’un enfant de 6e année, j’ai l’énergie du marathonien qui aperçoit la ligne d’arrivée.

Et j’ai vu Hearts of Darkness : A Filmmaker’s Apocalypse (1991). Apocalypse Now était déjà dans mon top 10, c’est maintenant le grand dieu devant lequel je me prosterne. Voir Coppola à l’œuvre. Voir les embûches, humaines autant que matériels, qui auraient pu faire effondrer le projet. Et entendre les états d’âme du grand cinéaste, ses incertitudes. Constater avec quelle facilité il exprime ses préoccupations, l’aise qu’il a à jongler avec les concepts qu’il veut exposer, tout ça n’a pu que me rendre humble tout en me donnant un idéal vers lequel me lancer.

Je reviens donc à une de mes motivations initiales : écrire le meilleur scénario de tous les temps. Me fixer un objectif moins ambitieux serait d’abdiquer avant même avoir essayé. Comment peut-on créer en espérant moins ? À ceux qui voudront me traiter de prétentieux, je répète que vous serez en droit de le faire si vous m’entendez dire que j’ai atteint mon objectif.

D’ici là, je vise !