lundi 3 décembre 2007

Quand les idées débouchent

C’est fou (ou plutôt incompréhensible) comment une somme de petits événements peuvent réorganiser nos idées, les mettre bout à bout, et nous montrer enfin le chemin vers le puit où se cachent toutes les réponses. Il ne reste ensuite qu’à faire le relais entre le fond de l’abysse et la surface du papier pour y coucher le butin.

J’ai publié tel quel mon journal du 29 novembre où je me plains de ne toujours pas avoir de fin à mon récit. Je tenais à vous faire savoir que ce même soir, jeudi le 29, l’inspiration m’est venue tardivement, après avoir tiré de la carabine à plomb sur une assiette en carton pendant une heure. (On se divertit comme on peut…). J’ai ensuite écrit jusqu’aux petites heures du matin ce qui constitue ma 5e finale en autant de mois.

Une nouvelle fin beaucoup plus simple que toutes les autres que j’avais écrites depuis juillet (je vous rappelle ma moyenne de fin scrapée de 0,8 fois par mois). Je suis enchanté et je remercie le dieu de la forêt pour l’inspiration.

Pendant ma semaine à Val-des-Bois, j’ai fait l’inventaire des fins possibles, décrit les sentiments de mon héros en atteignant la conclusion, parsemé le récit de détails pouvant servir à envelopper la finale… Rien ne semblait porter fruit, tous ces efforts me paraissaient vains. Je retombais toujours immanquablement dans le vieux sillon creusé par mes anciennes fins, tous assez similaires. Je pensais revenir bredouille de cette escapade (comme le faisait comprendre mon entrée précédente), jusqu’à ce que jeudi soir, vers 20h, en relisant un segment central de mon histoire, une lueur est apparue au bout du tunnel de l’inspiration. Cette lueur est devenue alors très intense, assez pour m’éclairer jusque vers 2h du matin.

J’en suis tellement fier, j’ai envie de vous en conter un petit bout… en restant le plus vague possible, évidemment.

La nouvelle fin mène mes deux personnages principaux dans des directions opposées. Mon personnage féminin, que l’on peut croire plus forte au cours du récit, retombe finalement dans ses vieux patterns, tandis qu’Étienne, mon héros hésitant, se rend au bout de ses fantasmes et de son audace pour se cogner fermement à un mur. « C’est pas parce qu’on veut qu’on peut… tout faire » pourrait être le résumé de la prémisse vaguement pessimiste.

De toute façon, la saga se poursuit. Je remets mon texte seulement en janvier 2008. D’ici là, je dois maintenir ma moyenne !

jeudi 29 novembre 2007

Où est la fin ?

« Les flocons gros comme des peaux de lièvres suspendus entre le ciel et un sol déjà moelleux empêchent non seulement à mon regard d’atteindre l’orée de la forêt, mais également à mes oreilles de percevoir autre chose que mes pieds croquant au delà des chevilles dans les dunes blanches accumulées entre les racines. Heureusement que la nuit est claire, et que la lune se fait sentir, transpirante, entre deux nappes de nuages gonflés. Le foyer n’est plus qu’à quelques enjambées, difficilement reconnaissable, comme un monolithe enseveli. (…) »

Bref, me revoici à Val-des-Bois, cette fois dans un blizzard. Je me suis fait un petit feu au foyer hier soir, pour profiter un peu de l’ambiance. J’ai bu ma bière, isolé de l’obscurité par un périmètre aux teintes orangées. Quand le soleil se couche à ce temps-ci de l’année, on se sent tout seul longtemps. Un silence brisé seulement par des branches qui tombent ici et là dans la forêt, à cause de la neige et du froid. Une noirceur adoucie par la puissance de la lune. Nos yeux s’y habituent. Nos oreilles aussi. Demeure le sentiment de solitude.



La différence entre l’été et l’hiver est marquante par ici. Les chalets qui bordent la rivière sont inoccupés à ce temps-ci de l’année. Je suis au milieu de la forêt, sans téléphone (pensez même pas à Internet !), sans ondes cellulaires, sans eau courante, dans un petit shack de deux pièces chauffé par un poêle à gaz. Avec une bécosse dans un fort en neige qui ferait tripper n’importe quel flo (le fort en neige je parle, pas la bécosse…).



Voulez savoir où j’en suis ? Si vous lisez toujours, je prends ça comme un « OUI ! ».

Comme vous l’aurez compris, je suis présentement au milieu d’une de mes escapades mensuelles. Objectif fixé : compléter le meilleur scénario de tous les temps. Je ne suis pas prétentieux, mais j’avoue que je suis exigeant. Si, quand j’ai fini de l’écrire, je vous dis que c’est le meilleur scénario de tous les temps, vous pourrez me dire que je suis prétentieux. Pour l’instant, je me fixe un objectif.

Le problème quand on est exigeant, c’est qu’on réussit rarement à combler les exigences. Je suis maintenant à la version 7.3 de mon récit, et je n’ai toujours pas (en date de jeudi, le 29 novembre 2007) de fin à mon histoire !!! Pouvez-vous croire à ça ? En écriture depuis juillet le gars ! À temps plein ! Qu’est-ce tu fais ? Le deadline s’en vient à 100 miles à l’heure ! Ou plutôt, c’est moi qui fonce à 100 miles à l’heure vers un mur de béton qui m’attend, sans bouger : janvier !

Je me suis même payé un laptop flambant neuf dans l’espoir que ça me donne le petit boost qui manque pour que je flippe « over the top ». L’effet « petit cahier neuf » multiplié par dix. Faut croire que ça ne marche pas avec les laptops. Le feeling n’est pas le même quand on enfonce des touches, même si elles sont toutes neuves et toutes propres. Mais je n’avais plus beaucoup le choix. Mon texte a maintenant plus de 60 pages, et le petit cahier où je gribouillais à la main les changements à apporter à un paragraphe était fini. Ça devenait aussi une technique de plus en plus mélangeante. Et mon texte n’ira pas en raccourcissant…

Donc : rencontre avec Ken Scott la semaine dernière. Toujours aussi inspirant, toujours des commentaires justes, toujours capable de mettre le doigt sur le bobo. J’ai scrapé la fin du scénario pour la quatrième fois depuis juillet. Ça fait une moyenne de 0,8 fois par mois. Bravo ! On lâche pas, on se creuse le jello, et on continue.

Je dramatise un peu… Je l’avoue. Je veux que vous vous disiez : « Pauvre de lui! » « Va-t-il y arriver ? ». Mais dans le fond, mon scénario n’a fait que s’améliorer depuis le début (les premières 45 pages de l’histoire). Et comme il était déjà très bon à la base, il est maintenant presque devenu le meilleur scénario de tous les temps. Il lui manque juste une petite fin à la hauteur du reste. Prétentieux !

samedi 22 septembre 2007

Juste pour écœurer

Aux dernières nouvelles, je me sauvais à Magog pour fuir une horde de paparazzis. Bonne nouvelle, je les ai semés ! Je n’ai vu personne là-bas, et j’ai pu me vautrer dans l’écriture, comme prévu. Et pour ceux qui pensent que je me la coule douce sur le dos de leurs impôts, je peux vous dire que vous avez raison ;-) Je vis effectivement les plus beaux jours de ma vie, et je rêve de pouvoir vivre ainsi jusqu’à la fin de mes jours.



Pour vous faire saliver un peu, voici l’horaire typique d’une journée au lac Lovering (j’aimerais poser quelques questions à celui qui a trouvé ce nom charmant… à quel anneau d’amour fait-il référence ?) :

8h00 réveil
8h15 jogging
8h45 douche
9h00 déjeuner
9h30 écriture
midi Dîner
13h Lecture
14h30 Écriture
17h Débouche le vin et continu à écrire
18h Préparation du souper (pour ceux qui ne s’en doute pas encore, cuisiner est une de mes activités favorites !)
19h Souper

et pour terminer la soirée, dessin pendant une heure ou deux, jusqu’à ce qu’il ne reste plus de vin.




J’ai tellement aimé ça la première semaine que j’y suis retourné le lundi suivant pour ne revenir à Montréal que jeudi dernier, le 20 septembre. La vie recluse a ses beaux côtés, mais après deux semaines comme ça, j’avais quand même hâte de voir un peu de monde.

L’isolement a eu l’effet souhaité. J’ai terminé la version 6.1 de mon récit, ce qui conclut la première version de mon scène à scène. Mais ce n’est pas fini pour autant. Prochaine étape : révision et commentaires (que je prévois nombreux) de Ken Scott, mon conseiller. Peut-être que ce sera à recommencer, peut-être qu’il faudra que j’oublie de faire carrière comme cinéaste… suspense !

Bon, c’est un peu plate cette colonne. Mon horaire, mes bonnes nouvelles, patati patata. Pour récompenser ceux qui lisent toujours, j’avais pensé vous glisser ici le résumé du scénario et dévoilé enfin un peu du contenu de l’histoire… mais je suis vraiment moumoune. J’ose pas. Vous savez peut-être déjà que je suis un adepte de la théorie du complot (on appelle ça PARANO en langage vulgaire). Mais je vous conterai une autre fois mes altercations avec échelon. Je ne voudrais quand même pas que mon blog soit rayé de la toile aujourd’hui.

Pour compenser pour le manque de contenu réel de mon compte-rendu, je vous joins quelques images, dessinées au cours de mes nuits à Magog. J’ai essayé de coucher sur papier quelques plans du scénario pour mieux les visualiser.








vendredi 7 septembre 2007

Deux virgule quatre contre cent

Ça fait un moment que je ne donne pas de nouvelles. C’est que l’écriture peut parfois être longue et monotone. La version 6.1 de mon synopsis se transforme tranquillement en une première version du « scène à scène ». Mon texte en est rendu à presque quarante pages. Ça ne semble pas beaucoup pour un gars qui écrit quotidiennement depuis le début juillet, mais il s’agit des pages que j’ai retenues.

J’ai décidé de m’exiler à nouveau, cette fois en Estrie chez des amis qui ont un magnifique petit chalet en bordure d’un lac dont je tairai le nom pour ne pas que vous y accouriez pour me voir… Non ! Je veux être seul !

Je ne manque pas d’inspiration, mais j’écris vraiment à un meilleur rythme si je suis seul dans ma bulle. D’ailleurs, parlant de bulle, j’ai un abcès à crever.

Mon blogue n’est pas sensé en être un de politique, mais quand langue et politique se mêlent (comme c’est souvent le cas par ici), je me sens en droit d’en parler dans une colonne d’écriture.

En fait, je n’aurai qu’un seul point à opposer aux propos de Brent D. Tyler, ancien président d’Alliance Quebec et l’avocat derrière l’invalidation de la loi 104. Monsieur Tyler se plaint à qui veut l’entendre (c’est-à-dire aux médias…) qu’on ne devrait pas « forcer » les non-francophones à suivre leur formation scolaire en français. Pour assurer la survie du français en Amérique, il faut plutôt rendre « sexy » le fait de parler français pour que les nouveaux arrivants intéressés s’empressent d’apprendre la langue. Selon lui, une loi restrictive n’est pas franc-jeu et est scandaleusement anti-démocratique.

On m’expliquera pourquoi ce type de loi est infâme et honteuse pour le Québec, mais qu’au Canada, ces lois pleuvent dans tous les domaines pour assurer la pérennité des entreprises canadiennes face à nos voisins du sud sans que personne ne s’en indigne. Il y a ainsi des quotas de contenu canadien à respecter à la télévision, à la radio. Les magazines américains ne peuvent pas être distribués de ce côté-ci de la frontière sans qu’une entité torontoise ne joue la marionnette pour nous cacher la main qui la contrôle. Une entreprise canadienne ne peut pas être détenue à plus de 49% par des intérêts américains. Notre beau pays est basé sur tout un tas de lois restrictives tant en commerce qu’en culture. Et si on demande à nos compatriotes du ROC pourquoi de telles lois sont nécessaires, je suis certain que la grande majorité vous répondront qu’elles le sont pour protéger l’ « identité canadienne ».

Voilà, je crois que vous avez compris mon point. Ça fait du bien, j’avais ça sur la conscience depuis un petit bout de temps. Je crois que je vais mieux réussir à écrire maintenant que c’est sorti.

La langue est un des trois axes qui sous-tendent à mon récit. Trois langues se mélangent au cours de l’histoire et servent de tampons entre les personnages. Est-ce que je vous révèle encore un peu du contenu ? De quelles langues s’agit-il ? Les deux premières sont évidentes pour un Québécois : le joual et le français, évidemment… Allez, je vous le dis : français, anglais et … catalan. Eh oui. Voilà ce que ça fait les voyages. D’ailleurs, je cherche à apprendre la troisième langue, alors si vous connaissez quelqu’un qui vient de ce coin du monde, faites lui signe de ma part. J’aurai bientôt besoin de vraies Catalans pour pouvoir ajouter un peu de subtilité à mon personnage. Quoi qu’un petit voyage à Barcelone, c’est jamais de refus.

Pour l’instant, je m’en vais à Magog ! Paparazzis en tout genre, interdiction de me suivre !


Qu'est-ce que je disais...
J'ai trouvé cet article vendredi le 7 septembre dans le journal Métro, quelques minutes après avoir publié mon blog.

jeudi 23 août 2007

La lettre du regret

Je ne l'ai pas mentionné dans mon texte de la semaine dernière, mais j'ai reçu la « lettre du regret » de la SODEC un peu avant de publier mon dernier blog. C'est seulement hier que j'avais le droit d'appeler pour qu'on m'explique les raisons du refus. Inquiétez-vous pas, je ne me mettrai pas à chier sur nos institutions gouvernementales qui ont de la difficulté à financer la culture (je n'ai pas de nouveaux points à apporter au débat, et je crois que nous connaissons tous les enjeux).

On peut bien se plaindre, mais comme dans bien des domaines de la société québécoise, le seul intervenant qui investit dans des champs à risque, c'est le gouvernement. Les hommes d'affaires se spécialisent généralement dans le commerce de détail (pharmacies, dépanneurs, supermarchés…). En fait, on laisse le gouvernement prendre des chances avec l'argent commun, et si jamais l'entreprise est un succès, on se plaint qu'il vient nous reprendre les fruits de la récolte (impôts, taxes, redevances, etc), avant de lui faire payer pour les emplois générés par « l'entreprise privée » .

Le cinéma est une buisness des plus épeurantes pour les investisseurs privés, étant donné qu'on ne peut pas déterminer à l'avance avec certitude quel sera le résultat. Quel amalgame de facteurs nous donnera instantanément un succès ? Si on ne met que des têtes d'affiche, qu'on suit la recette du scénario classique et qu'on investit généreusement dans la mise en marché, ne devrions-nous pas obtenir nécessairement un blockbuster ? Eh bien non (je n'ai malheureusement pas réussi à remettre la main sur cette étude de probabilité qui avait été fait pour le compte du gouvernement britannique).

En fait, j'ai l'impression que le seul endroit au monde où cette recette fonctionne assez bien (grands noms, scénario classique et pub), c'est ici. Nous n'avons qu'à penser à Un homme et son péché, Aurore, Bon Cop Bad Cop, Ma Vie en cinémascope, ou plus récemment, Nitro. Voilà tous des films de producteurs (je ne suis pas certain pour Nitro, semblerait qu'Alain Desrochers aurait enfanté l'idée originale…) qui avaient comme objectif avoué de fracasser le box-office. Vous me demanderez quel film ne vise pas cet objectif, et je vous dirai que personne ne crache sur le succès. Par contre, je ne suis pas certain que l'objectif financier soit dans la tête de tous les créateurs. Quand je pense aux grands films, ceux qui ont profondément changé l'art cinématographique et qui continuent, souvent plusieurs décennies après leur parution, à influencer le cinéma actuel, je ne vois pas nécessairement de films qui ont brisé des records d'assistance en salle.

Ironiquement, aucun des films mentionnés plus haut n'ont percé significativement les marchés à l'extérieur de la province. Ce sont souvent des films plus risqués qui réussissent à mieux s'imposer à l'extérieur de notre petit chez-nous. Reste à voir si nos blockbusters passeront l'épreuve du temps...

Je pense que les principes du développement durable devraient s'appliquer à la culture. Il faut avoir en tête de faire des films qui passeront à l'histoire plutôt que des succès instantanés qui perdent leur saveur avec l'âge.

Enfin… Malgré tout ça, mon écriture se poursuit. Je vais me passer de la SODEC pour l'instant, mais je garde en tête le prochain dépôt, au mois de novembre… je vous en reparlerai en janvier 2008, quand ma bourse de Téléfilm Canada sera complètement épuisée et que je ferai à nouveau de l'insomnie en attendant une autre lettre.


Crayon non durable...

mardi 14 août 2007

Oubliez la 5, voici la 6 !



L'écriture de scénario renferme de nombreux rebondissements. Voyez celui-ci : je viens de scraper tout ce que j'avais écrit depuis un mois et je suis reparti de ma chère version 4.3 pour construire ce qui est devenu la version 6.1 du récit.

Je ne scrap pas ça comme ça, pour le fun. C'est qu'en travaillant lundi, c'est-à-dire hier, j'ai été frappé par une idée fantastique qui m'enchante complètement. Attention, je vous explique :

Mon personnage principal (Étienne) était jusqu'ici le centre unique et complet de l'attention. C'est lui qu'on suivait du début à la fin (ça tombe bien, c'est sa vie !). Eh bien voilà qu'après un peu plus de 40 minutes de récit pendant lesquelles on a appris à comprendre et à aimer le grand timide, celui-ci disparaît de la fiction. Le point de vue change complètement pour suivre l'espace d'à peu près 15 minutes les déboires de celle dont il est obsessivement épris.

Wow ! Ça fait tellement du bien ! Je ne vous ferez pas à croire que c'est moi qui ai inventé le changement de point de vue dans un film, mais son utilisation ici me fait vraiment tripper ! J'évite ainsi tout un tas de petites scènes que j'avais parsemées ici et là, de tataouinage scénaristique et de patchage pur et simple pour suivre un personnage jusque là un peu en mal d'incarnation.

Bref, un mois de travail se retrouve à la poubelle, et je me sens plus productif que jamais. Comme quoi il faut parfois reculer un peu pour mieux avancer (n'est-ce pas Monsieur Chaput ?).

Une autre belle phrase à noter dans votre carnet de pensées du jour : À chaque fois qu'une porte se ferme, y'a une fenêtre qui s'ouvre (celle-là est pour mon ami Claude) !


Image d'une écriture enlevante…

jeudi 2 août 2007

C'est pas du travail, ça !

Pour conclure l'épisode de la semaine dernière, disons seulement qu'après avoir passé 4 jours en isolement à Masson, j'ai terminé tout ça par un petit séjour dans la roulotte dont je partage maintenant la propriété avec mes soeurs. Celle-ci se trouve à Val-des-Bois entre les arbres qui meublent les 18 acres de terrain qu'y partagent les Chartrand. Propriété est un bien grand mot, disons que je paie ma part des taxes municipales reliées à la présence de cette épave sur le terrain.



Ça c'est la roulotte en question, dans une petite mise en scène pour un court-métrage du fameux collectif Kick la cam qui n'a jamais été conclu (d'ailleurs, mon avatar MySpace actuel est une prise de l'intérieur de la roulotte provenant de ce même chef-d'oeuvre inachevé !). Voilà en tout cas mon refuge de rêve de la fin de semaine dernière. Résultat de l'isolement : 25 pages griffonnées de nouvelles scènes.

Le problème avec l'écriture, c'est que ce n'est pas considéré comme un véritable travail par ceux qui nous regardent travailler. Comme je suis à la maison (de retour à Montréal), et que je passe mon temps à tripoter un crayon, ça ne donne pas vraiment l'impression qu'il se passe vraiment quelque chose. C'est peut-être moi qui est sensible, mais je me fais constamment déranger pour des petites besognes qui finissent par bouffer tout mon temps.

Résultat : jeudi après-midi, 17h, et j'en suis toujours au paragraphe qui met en scène un nouveau personnage créé à Val-des-Bois la semaine dernière, le Colonel Chasseur. Celui-ci est un vieux Français d'un peu plus de 80 ans qui a fait la guerre et qui s'est réfugié au Québec il y plusieurs années. Il a fait fortune grâce à la commercialisation d'un jeu de société. Je ne vous en dirai pas beaucoup plus sur lui, parce qu'il pourrait révéler une trop grande portion de mon intrigue que je tiens à garder encore un peu pour moi. Je dois toutefois préciser que le Colonel n'est qu'un personnage de second plan dans l'échafaudage de la comédie absurde qu'est Immersion.

Bien que je chiale contre la semaine de misère que je viens de vivre, j'ai quand même mis ensemble une ligne temporelle qui rassemble tous les éléments du récit pour en avoir une vue complète en un coup d'oeil. Exercice réussi. Mon histoire a maintenant un début, un milieu et une fin, ainsi qu'un but précis : atteindre la conclusion (Wow ! Que de révélations ! Attention, je pourrais en dire trop !)

Mon remaniement diégétique s'est donc conclu aujourd'hui. Je suis prêt à passer aux choses sérieuses : le scène à scène.

mardi 24 juillet 2007

Immersion à Masson

Alors, me voici à Masson.

Comme je n'arrivais pas à me concentrer sur mon écriture, j'ai pris les grands moyens. J'ai quitté Montréal vendredi dernier pour m'isoler complètement, et enfin soulager ma constipation scriptique.

Mais avant de travailler, il fallait bien que je me change un peu les idées. C'est bien beau ne pas écrire pendant une semaine (enfin, très peu), je dois tout de même chercher l'inspiration quelque part. Je suis donc passé tout droit à Masson pour me rendre d'abord à Val-des-Bois, où la famille de mon père possède une grande terre en bordure de la rivière du Lièvre (cours d'eau majestueux qui s'étend de Mont-Laurier à Masson, où elle se jette dans la rivière Outaouais… son nom vient de celui donné par les Algonquins : Walbos sipi). Comme à chaque été en cette période, les Chartrand s'y sont réunis en grand nombre (le compte fut de 62 oncles, tantes, cousins, amis… (en baisse par rapport aux 80 et quelques de l'an dernier...). La « Pointe des pins » a retrouvé encore une fois, l'espace d'une fin de semaine, la vie familiale et communautaire qui y régnait pendant mon enfance.

Bref, suite à cet intermède boisé, et plutôt houblonné, je me retrouve seul dans la maison de mes parents (qui eux sont demeurés au « camp »).

C'est pas parce qu'on est seul et déterminé à écrire que ça fonctionne mieux, ça je peux vous l'assurer. Ma journée d'hier fut presque intégralement un gâchis. Après avoir écrit ma liste de chose « à faire » pour l'écriture, j'ai tourné en rond avec mon crayon au coin de mon nouveau petit cahier d'écriture. À la première page de ce nouveau petit cahier, là où est inscrite la date du « lundi 23 juillet 2007 », il se trouve 6 lignes faisant offices d'idées à développer.

Un cahier vierge et un crayon flambant neuf me donnent généralement le goût d'écrire, pour le seul plaisir de sentir la bille du stylo rouler contre la surface propre et lisse du papier (mes cahiers deviennent rapidement des épaves en cartons bourrés de pages d'idées complémentaires et attaché de force par une grosse pince noire). Mais la tactique du cahier neuf n'y a rien fait. Après presque une heure à ne rien écrire, j'ai mis les yeux sur un livre dans la bibliothèque de la petite chambre : Le roman d'Étienne Brûlé. Ça m'a attiré, parce que mon personnage principal s'appelle justement Étienne. J'ai donc cherché l'inspiration dans les péripéties de ce coureur des bois.

Enfin, c'est finalement vers 20h30 que l'inspiration m'est revenue.

Ce qu'il y a de fantastique dans le fait d'être seul pour écrire, c'est qu'on peut y aller sans arrêter jusqu'à ce que le jus soit fini. En recommençant ce matin, j'ai repris là où le jus coulait à petites goûtes hier, et je peux dire que mardi le 24 juillet 2007 a été une journée fructueuse pour l'évolution d'Immersion.

Me sentant à mon aise, je suis monté à Buckingham (le village d'à côté) en après-midi pour prendre place à une table du bon vieux Bistro Lala et y poursuivre mon écriture.

Depuis les 11 ans que j'habite Montréal, un seul bar de ma jeunesse peut me manquer, et c'est ce bon vieux Lala. Là où j'ai appris qu'il y avait autre chose que la Molson, la O'Keefe et la Bud. Ce cher Steven y travaille toujours. Steven qui fut le chanteur de mon groupe rock du secondaire qui allait devenir, nous en étions certain, la « next big thing ». Je lève mon verre à vous, mes amis de Buckingham, ceux que je n'ai pas revus depuis vraiment trop longtemps.

J'aimerais conclure cette épopée bloguienne par une dernière réflexion : l'avantage définitif du petit cahier sur le laptop que je croyais me payer est qu'il coûte seulement 4,99 $ chez Jean-Coutu.

Merci, bonsoir


--
Je voulais vous montrer les charmes de Masson, j'ai donc pris en photo les grandes tours jumelles (familièrement appelées « Les mamelles de Masson ») qui sont le signe distinctif de la ville. Mais comme je n'ai pas apporté le fil qui permet de ploguer ma caméra dans l'ordi, j'ai dû prendre en photo l'écran de ma caméra à l'aide de mon cell, et m'envoyer le tout par les ondes. Techno-post-modernisme est un grand mot de vingt lettres et trois tirets.







Clique la photo pour une surprise !

mercredi 18 juillet 2007

Immersion reçoit l'appui de Téléfilm Canada

PUBLIÉ INITIALEMENT SUR MYSPACE LE 18 JUILLET 2007

Ceci sera mon premier blog. Je trépigne de joie à le composer…

Bon, voilà pour l'intro au sujet. Je vais essayer d'écrire assez régulièrement, et bien que je me demande qui exactement lira ces lignes, je me justifie l'exercice en me disant que ça servira au moins à garder une trace de l'évolution de mon nouveau projet long métrage.

Je l'annonce donc aujourd'hui sur la place publique, le projet de film que je fais fermenter depuis un peu plus d'un an et demi vient de recevoir un premier appui significatif : Téléfilm Canada m'accorde des fonds via son programme d'aide à l'écriture de scénario.
Le titre de travail du projet : Immersion.

Le synopsis en est à la version 4.3, soit un texte de 10 pages à simple interligne où chaque paragraphe est une scène à développer. 4.3, ça veut dire qu'il y a eu aussi des 1.5, des 2.2, pis des 3.6… Je croyais pouvoir partir d'ici pour débuter mon scène à scène, mais ç'aurait été trop facile ! Suite à la rencontre initiale avec mon conseiller, un certain Ken Scott, je me dois de reprendre mon humilité et mon stylo à bille (oui, j'écris vraiment sur du papier avec un crayon…) et de compléter une version 5.1 de mon synopsis avant de passer à l'étape suivante. C'est que Monsieur Scott a décelé plusieurs failles dans l'évolution du récit. Bien que j'aie beaucoup d'orgueil et que comme tous les créateurs, je n'aime pas qu'on critique mon travail « créatif », je considère l'écriture de ce scénario comme une sorte de master class beaucoup plus intéressante que n'importe quel travail de maîtrise qui m'apportera un peu plus loin dans mes connaissances cinématographiques. Je m'applique pour le moment à acquérir les notions qui me sont montrées, et à creuser plus loin mes idées pour ne pas rester avec les « flashes » de départ (quitte à revenir à la version 4.3 que j'aime tant lorsque l'exploration sera terminée… yeah right !)

Comme ça fait maintenant 3 semaines que la réponse de Téléfilm m'est parvenue et que je débuzz un peu du high qu'elle m'a procuré, je suis présentement dans la réalité crue de l'auteur : écrire, c'est pas facile. Je cherche donc à m'isoler en ce début de processus, pour mieux m'immerger dans l'univers fictif que j'ai créé et auquel je dois faire prendre vie.

Ah oui, pis pour les curieux qui se demandent de quoi ça traite exactement, disons pour l'instant que c'est l'histoire d'un gars qui... je vous en parlerai plus longuement lors de prochaines confidences.