Ce qu'il y a d'épeurant dans le fait d'écrire un scénario de fiction, c'est que les possibilités sont infinies. En fait, c'est peut-être pas tant que les possibilités sont infinies, mais qu'il faille en choisir une seule. Une seule possibilité parmi les innombrables, pour chaque seconde du scénario. Ça fait tout un tas de décisions, et encore plus de possibilités laissées de côté. Il y en a tellement que ça me donne le vertige.
Pour chaque choix qui demeure au scénario, je dirais qu'il y en a au moins 3 ou 4 autres, tout aussi valables, qui sont abandonnés. Je pourrais réécrire mon scénario une centaine de fois en prenant à chaque fois l'option « B » et je suis certain que chaque scénario serait authentique et différent de tous les autres.
Je fais parti de la génération qui a grandi avec les jeux vidéos et les livres dont vous êtes le héros. J'ai été éduqué au « choix ». On nous donne l'impression de choisir. On s'épate de constater à quel point les possibilités sont grandes quand on joue à Grand Theft Auto par exemple. Parce qu'ils ont recréé un environnement vaste et qu'on a la « liberté » de choisir (d'étrangler un passant ou de voler une voiture...)
Je parlais récemment avec un concepteur de jeu vidéo, un gars d'Ubisoft. Il me disait comment l'avenir de la scénarisation se trouve dans son domaine. Les scénaristes de jeux doivent prévoir toutes les possibilités liées à un lieu et offrir tout un tas de choix pour quitter ce lieux vers d'autres environnements. On scénarise les possibilités en essayant d'offrir le plus de choix aux gamers.
Je vais faire vieux jeu, mais j'ai l'impression que l'art d'écrire un scénario réside justement dans le choix de « LA » possibilité. « Celle » qu'il fallait choisir d'entre tous. C'est comme ça qu'on reconnaît un artiste. À ses choix narratifs. C'est ce qui donne une signature à un film.
Parlant de signature, petit court métrage qui démystifie l'univers Tarantino :
De toute façon, un scénario de film est nécessairement une trame narrative arrêtée. À tout le moins, pour le moment elle l'est. Peut-être qu'un jour le cinéma nous offrira à son tour une série de « choix ». Mais ceux-ci demeureront tous, de toute façon, des possibilités prévues et limitées par des contraintes de temps ou d'espace disque...
Pour une variété véritablement infinie et imprévisible de choix, on n'a pas à se casser le cailloux. Ça s'appelle la vie !
jeudi 4 septembre 2008
Contraintes illimitées
Fabulé par Alex à 13:13 0 commentaires
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