La version finale de mon scène à scène devait être remise à Téléfilm Canada au plus tard le 4 janvier 2008. Je tenais à respecter mon entente avec eux, pour pouvoir toucher le dernier 20% de ma bourse le plus tôt possible. Comme un véritable étudiant, j’ai remis mon texte à 20h12, soit 18 minutes avant la fermeture du bureau de poste. J’avais bien prévu aller porter mon projet en personne, directement aux bureaux sur St-Jacques, mais les choses ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévues.
L’inspiration pour LA fin suprême m’est venue assez tardivement. Dans plusieurs entrées de mon journal, je parle d’une nouvelle fin fantastique. Je dis que je suis emballé par ce que j’écris, que ça y est, je la tiens enfin, mais la fin actuelle de mon histoire date seulement d’un peu avant Noël.
En sirotant les dernières goûtes d’une bouteille de porto, à la fin d’un souper qui s’est étiré jusqu’aux petites heures du matin, je me suis mis à raconter l’histoire de mon film à un bon ami, Alex. J’étais pris dans un cul-de-sac. Je sentais que je tournais en rond depuis un moment, et j’avais besoin de faire sortir le récit de mes méninges pour le voir prendre vie à l’extérieur de moi. Arrivé au moment clef, à l’endroit où l’histoire me torturait, seulement quelques mots de sa part ont suffi à rallumer la bougie chancelante de mon imagination. Rapidement, de nouvelles scènes extraordinaires, certes un peu glauque (mais combien inattendus !) se sont mises à se bousculer pour se mettre dans l’ordre. J’avais trouvé LA fin ultime ! Celle qui rendrait mon film mémorable ! Heureux de la trouvaille, et du coup de main d’Alex, mais épuisé par les dernières envolées (Alex dormait déjà sur place, enfoncé dans le divan en face de moi), j’ai rejoint mon lit, l’esprit apaisé.
Je n’ai retouché à mon récit que plusieurs jours plus tard, le 27 décembre pour être exact. Je me suis alors rendu compte que je n’aurais pas autant de facilité à faire emboîter ces nouvelles scènes dans le carcan déjà très serré du reste de mon histoire. Les fêtes se sont poursuivies, et c’est seulement en désaoulant dans l’après-midi du 1er janvier que j’ai réalisé l’ampleur de la tâche qu’il me restait à accomplir.
Du premier au 3, je me suis attelé à l’ouvrage, ne quittant mon texte que pour prendre des bouchers de sandwichs, pisser, et dormir un minimum. Le 3 au soir, je voyais la lumière au bout du tunnel. J’arrivais à compter la quantité de scènes qu’il me restait à coucher sur le papier, et je savais même ce que j’allais écrire dedans. J’ai rejoint mon lit vers 2h du matin, comblé par le sentiment du devoir accompli.
Levé tôt pour relire une dernière fois les 75 pages de texte, je suis figé devant la dernière page de mon texte, deux heures et demi plus tard. C’est la première fois que je lis l’histoire dans son ensemble, d’un seul coup. J’hésite, incertain. Mon histoire - certainement un peu étrange dans les premières pages, parfois comique, parfois pathétique - se termine sur une note glaciale, sur un sentiment de désespoir. Ma première réaction fut de paniquer. Il est 11h du matin, j’ai encore 5 heures pour recommencer et terminer sur une note plus joyeuse.
La course est relancée. J’écris sans relire, sans m’arrêter pour manger ni pisser. Rendu à 16h15, je me rends compte que je n’aurai pas le temps d’imprimer une version propre et d’aller la porter aux bureaux de Téléfilm pour 17h. Tant pis ! J’irai la porter au bureau de poste qui ferme à 19h près de chez-moi. Ce qui m’importe, c’est d’avoir le sceau de la poste.
Pendant que la version 10.1 de mon scène à scène est en impression, je révise rapidement les dernières pages. Il est 18h30 passé lorsque je constate que ma nouvelle fin est pourrie ! C’est la pire fin que j’ai écrite à ce jour !
Je relis rapidement les dernières pages de la version précédente pour me rendre compte que celle-ci est excellente. La première relecture m’a déplu à cause du grand changement de ton par rapport aux versions précédentes, mais je dois accepter que l’histoire ait pris une certaine vie par elle-même. Les éléments du récit sont tombés en place pour mener à une histoire troublante, mais combien vivante.
Grâce à internet, je trouve un bureau de poste un peu plus loin qui ferme à 20h30. J’ai juste le temps d’imprimer mes 75 pages et de réécrire le résumé de mon récit pour arriver à l’heure. Le reste, je l’ai raconté plus haut.
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Un nouvel objectif se dessine à l’horizon. Je présente le texte pour une nouvelle bourse, afin de poursuivre l’écriture de plus belle. Je vous en reparlerai certainement d’ici ce nouvel ultimatum, le 13 février.
mardi 15 janvier 2008
Finir sur les coudes
Fabulé par Alex à 15:22 0 commentaires
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